Compte-rendu réunion
Réunion du jeudi 6 avril 2011, 09h30, Gare Montparnasse
Avec Mme Valérie Putcrabey, directrice SNCF de la ligne Paris-Granville, et
M. Thierry Chapelle, directeur production de la ligne
Mme Putcrabey et M. Chapelle font le point sur la ponctualité des trains sur le premier trimestre. Les chiffres du mois de mars sont « satisfaisants » :
- 92,1 % des Intercités et
- 91,8 % des TER
étaient à l'heure ou ont subi un retard de moins de 10 minutes. Ces chiffres ressortent du pointage effectué par les balises GPS en début et fin de ligne sur l'ensemble des trains.
En cumul, depuis le 1er janvier, la SNCF estime que
- 89 % des Intercités et
- 91 % des TER
étaient à l'heure (les « bons » résultats de février et mars sont amoindris par les incidents de janvier, dus à des défaillances de matériel après l'épisode douloureux de l'automne et la période d'enneigement de janvier qui ont durement affecté nos trains).
En ce qui concerne les trains « de pointe » que fréquentent les abonnés (les deux province-Paris du matin et les deux Paris-province du soir), les résultats sont moins bons (en cumul, sur le 1er trimestre, on arrive à 79 % de trains à l'heure). Les deux directeurs m'assurent que des efforts sont faits et vont être accentués pour que ces retards diminuent. D'autre part, ils notent, eux, une amélioration de 5 % de la régularité de nos trains par rapport au premier trimestre 2010. Enfin, revenant sur un problème que j'avais soulevé auprès de M. Chapelle au téléphone, ils me confirment que les informations qui figurent sur les tableaux de ponctualité affichés dans les gares ne peuvent être exhaustives : ce sont juste des précisions par rapport aux taux affichés et elles ne reprennent que quelques incidents survenus, pas la totalité. Leur formulation va d'ailleurs être modifiée sur les prochains tableaux.
Ils me signalent que des incidents extérieurs sont de plus en plus souvent en cause : hier, mercredi 5 avril, des tirs de projectiles ont eu lieu sur certains trains (cela s'était déjà produit au début de l'année et c'était un garçon de 9 ans qui lançait des pierres sur les trains à Dreux).
Ils me demandent également de faire passer ce message : il ne faut pas essayer de retenir les portes (extérieures) des trains lorsqu'elles sont en cours de fermeture. Cela endommage le système de fermeture, nécessite une intervention du contrôleur et un redémarrage du train au ralenti : total, lorsqu'une personne retient la porte pour 10 secondes, elle provoque un retard pouvant aller jusqu'à 10 minutes, plus les perturbations en chaîne sur les autres trains… Faites passer ce message autour de vous !
Mme Putcrabey et M. Chapelle me soulignent un phénomène qu'ils jugent en augmentation : la fraude. Un certain nombre de contrôleurs et de passagers leur ont signalé des personnes sans billet qui argumentent qu'« on leur a dit qu'ils pouvaient voyager gratuitement en ce moment ». Les deux directeurs relient donc ce phénomène directement à notre mouvement de grève de présentation des billets qui aurait été mal compris ou exploité par ces personnes, avec un sentiment d'impunité garantie. (Ils me signalent que le mouvement de grève qui a été suivi également sur la ligne Paris-Chartres a eu les mêmes effets, et même pires…) C'est pour empêcher ce genre d'attitude que les trois opérations de filtrage de ces dernières semaines ont été mises en place.
D'autre part, MM. Putcrabey et Chapelle tiennent à discuter d'un problème sensible : les incivilités et outrages envers les agents. Ils reviennent sur l'incident qui s'est produit entre un contrôleur et des membres de l'association et s'est terminé par l'intervention de gendarmes à l'arrivée du train à Verneuil. Ils soulignent que le contrôleur s'est senti personnellement et injustement attaqué et était déterminé à porter plainte contre l'association. Ses supérieurs hiérarchiques sont intervenus pour calmer le jeu, mais soulignent que, si un tel incident se reproduit, ils ne pourront rien faire et cela aboutira à une plainte de l'agent, voire de la SNCF, contre l'usager ou contre l'association.
Concernant notre demande d'un dédommagement pour les retards subis de novembre à février, ils me répètent que, sur ce thème, la SNCF a adopté une position nationale et qu'il n'y aura pas de dédommagement supplémentaire à ce qui a été accordé (les lignes dont les passagers ont reçu une indemnisation étaient, semble-t-il, dans un état beaucoup plus grave et ne bénéficiaient pas encore d'un « plan », comme nous). C'est ferme et définitif. Je leur rappelle qu'ils ont une obligation de respect des horaires affichés, à quoi ils répondent que « l'engagement horaire garanti » de la SNCF (aucun dédommagement pour les retards inférieurs à 30 minutes de retard), ils sont très au-dessus de la moyenne européenne : dans la plupart des autres pays, cet engagement n'existe pas ou le délai de retard est très supérieur. Ils m'assurent en revanche que tout le monde à la SNCF travaille pour une amélioration de la régularité des trains et me confirment que le plan Réagir dont la ligne bénéficie a été relancé pour 2011, avec 30 mesures à mettre en place ou à améliorer (information des voyageurs en gare et dans les trains, évaluation de la durée des incidents, mesures pour assurer une substitution au transport des voyageurs en cas d'incident grave, etc...)
Enfin, revenant sur notre mouvement de grève de présentation des titres de transport, ils m'informent que TOUT AFFICHAGE ET TOUTE DISTRIBUTION DE TRACTS à bord des trains sont INTERDITS car il s'agit de lieux privés. (Donc, avec le collage de nos affichettes et la distribution de billets fictifs, nous nous mettons « hors la loi »… Si vous souhaitez continuer la grève de présentation des billets, je vous demande donc de ne plus procéder à ces affichages et distributions, mais de passer dans les compartiments pour informer les autres passagers et leur demander de ne pas présenter non plus leurs titres de transport, et de prévenir les contrôleurs.)
MES COMMENTAIRES
Je ne m'étendrai pas trop, mais j'attends vos réactions…
- Horaires : puisque la SNCF s'appuie sur des données techniques et informatiques qu'elle pense et dit exactes, nous n'avons que deux solutions : soit nous nous astreignons à un pointage exact, méthodique et systématique de TOUS LES RETARDS que nous subissons pour pouvoir les opposer à la direction de la ligne ; soit nous nous fions à leurs données et attendons de voir si la petite amélioration ressentie ces derniers jours perdure…
- Fraude : si la multiplication des fraudeurs semble avérée et constatée par un certain nombre d'entre vous, le rapprochement de ce phénomène avec notre mouvement de grève de présentation des billets me semble un peu facile. Les consignes, dès le lancement du mouvement, ont été claires : il ne s'agit pas de voyager gratis, sans billet, il s'agit simplement de ne pas présenter les billets à bord des trains pour créer un « incident clientèle » qui est alors rapporté à la direction de la ligne (en gros, il faut avoir son billet en règle, ne pas le présenter au contrôleur, mais pouvoir le présenter à d'éventuelles forces de l'ordre à l'arrivée du train…). Nous ne sommes pas la seule ligne confrontée aux fraudeurs (il y a quelques années, j'ai habité en grande banlieue pendant un moment et j'ai pratiqué une autre ligne SNCF : je peux vous dire que les fraudeurs n'attendent pas un mouvement de grève pour voyager gratis).
- Outrages à agents : je vous demande de rester calmes et mesurés, même lorsque vous êtes témoin d'un incident entre un agent SNCF et un voyageur qui vous semble injuste ou injustifié. Je prends l'avertissement des deux directeurs très au sérieux et suis persuadée que, pour casser notre mouvement, voire notre association (je vous rappelle que nous sommes tout petits, avec très peu de moyens, alors que la SNCF dispose, elle, d'un service juridique en béton qui perd très rarement ses procès), certains agents n'hésiteront pas à se lancer dans une procédure...
- Dédommagement : pour moi, c'est clair, il n'y en aura pas. En tout cas, notre mouvement de non présentation des billets ne donnera rien. Je vous suggère donc d'y mettre fin. Au cours de la réunion, j'ai remis en mains propres une copie de la pétition de Cyril à Mme Putcrabey (elle n'avait pas encore reçu l'original). Elle n'a pas réagi devant moi, mais je compte reprendre contact avec elle pour avoir sa réaction face aux arguments avancés par cette pétition. J'ai également prévenu les deux directeurs qu'un mouvement de regroupement des associations d'usagers pour une action nationale se préparait. Ils n'ont pas réagi non plus sur ce point. Que faut-il faire, à votre avis ? S'inscrire dans ce mouvement national (mais sous quelle forme, avec quelle action ?) ? Personnellement, je serais prête à mettre en place, avec les autres lignes qui arrivent à Montparnasse, une manifestation commune au siège de la SNCF, avec le soutien (et si possible la présence) des élus de nos régions. Il faudrait que cela se fasse en semaine (le week-end, nous n'aurons personne) et rapidement. Qu'en pensez-vous ? Seriez-vous prêts à y participer ? (Evidemment, cela supposerait pour chacun de poser au moins une demi-journée de congés pour pouvoir rester suffisamment longtemps sur place…)
J'attends vos commentaires, réflexions et informations…
Bonne semaine à tous !
Anne, la présidente
2 commentaires:
Bonjour à tous,
Bien que lisant le blog régulièrement c'est la première fois que j'y interviens.
Tout d'abord, merci à "notre Présidente":) pour les compte-rendus clairs complets et précis que vous nous faites régulièrement sur la situation. (sans fautes d'orthographe et en bon français c'est agréable!)
Cela dit, votre dernier post m'interpelle.
Je peux comprendre votre résignation par rapport à l'attitude bornée et (semble-t-il à vous lire) intraitable des dirigeants de la SNCF que vous rencontrez.
Vous nous faites part de votre sentiment personnel en apellant à cesser le mouvement de grève des billets.
Or, prenant régulièrement la navette Dreux-Argentan le soir, ou bien le 18h29 comme hier soir, il me semble au contraire que ce n'est pas le sentiment général et que les gens sont toujours motivés!
Les affiches continuent d'être collés dans les trains, au risque d'être "hors-la-loi" ...
C'est ridicule, à quoi bon avoir fait tout ça si c'est pour abandonner maintenant?
La SNCF aura gagné en comptant sur l'essouflement du mouvement.
Quant aux fraudeurs qui profitent du mouvement de grève pour voyager gratuitement, j'ai envie de vous dire "et alors?"
En quoi cela doit-il être le problème de l'association et des usagers en règle?
Je ne vois qu'une seule solution à ce problème, et la SNCF seule a les moyens de le régler: En se montrant plus disposée à répondre aux revendications des grévistes; ainsi nous cesserons notre mouvement, les contrôleurs pourront contrôler et verbaliser à tout-va les fraudeurs si ça leur chante, et ainsi tout ira pour le mieux dans le meilleurs des mondes...
Bons trajets à tous.
« TOUT AFFICHAGE ET TOUTE DISTRIBUTION DE TRACTS à bord des trains sont INTERDITS car il s'agit de lieux privés. »
Bonjour ! C'est juridiquement faux. Que la SNCF vous explique que c'est interdit, c'est leur point de vue et une manoeuvre tactique. Mais ils n'ont aucun droit d'interdire à qui que ce soit de distribuer des tracts dans les trains ou dans les gares ! L'expression est libre en France, même dans les lieux privés ! et toute interdiction en ce sens serait contraire à la Constitution (et à la Convention européenne des Droits de l'homme). L'affichage, lui, peut être interdit éventuellement. Mais sûrement pas la distribution de tracts. Ou alors ils interdisent aussi aux passagers de lire des journaux ou des livres dans les trains, pendant qu'on y est... :-) Ne vous laissez pas faire par des intimidations sans aucune valeur légale.
Enregistrer un commentaire